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Quelques questions sur le nearshoring

Vous êtes présents à Rabat depuis cet été. Pourquoi une telle dispersion ?

Didier Hermann : Nous sommes implantés depuis plus longtemps en Inde. Mais nous avions besoin d’un niveau intermédiaire, à une distance raisonnable, pour contrer la terrible pression sur les prix que nous subissons depuis deux ans dans nos affaires courantes.

Il nous fallait trouver le moyen de proposer nos prestations traditionnelles de maintenance et de développement à des tarifs plus compétitifs. Or, les prix de revient sont plus faibles dans les pays d’Afrique du Nord ; les ingénieurs marocains ont un haut niveau de compétence, et la plupart de nos clients connaissent ce pays…

Comment votre centre marocain est-il organisé ?

Même si nos ingénieurs sont marocains, le management reste français. L’entité commune que nous avons créée est basée à Rabat. Ce sera un centre de production dédié à nos clients européens. Les projets informatiques y seront traités partiellement ou globalement, selon les besoins du client et en fonction des gains de productivité qu’il souhaite réaliser.

Les clients ont donc le choix entre payer cher en France ou économiser au Maroc…

Nous sommes clairs avec eux. Nous réalisons, en moyenne, entre 15 et 20 % d’économie sur nos coûts directs en région, contre environ 30 à 40 % au Maroc. Mais il faut aussi prendre en compte les coûts indirects, tels ceux des communications.

Le taux journalier moyen, qui ne constitue pas l’unique indicateur, variera de un à trois selon le profil de l’informaticien et la complexité du projet.

Mais n’y a-t-il pas péril en la demeure pour les informaticiens français ? Et donc pour vous…

Nous ne nous situons pas dans une optique de destruction d’emplois. Certaines prestations peuvent aujourd’hui être délocalisées, comme la maintenance applicative et aujourd’hui le développement.

Mais plus la durée du développement est courte, plus il sera difficile de développer et de travailler à distance avec des équipes éloignées.

Dans quelques années, entre 70 et 75 % des prestations seront réalisées dans des centres de services de proximité. Elles concerneront la maintenance et l’évolution applicative. Le restant sera dédié au développement de nouveaux projets simples.

En effet, plus l’interaction est forte entre les acteurs, plus il s’avère difficile de délocaliser le projet. C’est pourquoi je ne suis pas inquiet aujourd’hui pour les services informatiques français. Bientôt sortis de la crise, ils pourront retrouver toute leur spécificité et une productivité suffisante pour demeurer compétitifs.

 

DÉCOUVREZ LE « SMART SOURCING » AVEC GO&DEV !

On a souvent le sentiment lorsque l’on parle de nearshoring à des amis, à des relations de travail, qu’un jugement dubitatif s’installe. Certains de nos clients nous racontent avoir eu de vrais débats sur l’opportunité de développer un projet digital en Nearshore. Idées préconçues et débats idéologiques venant souvent faire obstacle à une vraie démarche cartésienne.

Nous estimons pour notre part que le nearshoring peut constituer un véritable levier de décollage pour les entreprises.

En effet, tout en bénéficiant des gains de productivité potentiels offert par les marchés émergents, les entreprises peuvent s’ouvrir la voie vers plus d’innovation et de compétitivité. Ce que nous appelons le Smart sourcing.

Pour ce qui concerne l’aspect idéologique, évidemment le contexte médiatique permet de mieux comprendre ces à priori. Il est, en effet, rare de lire dans la presse que le nearshoring créé de l’emploi et qu’il a permis d’augmenter la compétitivité d’une l’entreprise.

En revanche, vous pourrez souvent lire dans la presse ou voir dans les médias, qu’une entreprise délocalise souvent du fait de la compétitivité plus ou moins déloyale d’un autre pays : ce qu’il est convenu d’appeler le dumping social…

Si Il est vrai que le nearshoring a été dans certains circonstances mal utilisé par certaines grosses entreprises (on pense évidemment aux plateformes d’assistance de certains groupes télécom), un modèle hybride, onshore / nearshore est aujourd’hui parfaitement pertinent dans un monde complexe et globalisé. C’est ce qu’on appelle le Smart Sourcing.

S’il existe une abondante documentation et littérature à ce sujet, nous pouvons prodiguer en toute humilité 5 conseils pour bien mettre en oeuvre le Smart Sourcing.

1) Pratiquer le nearshore pour des « commodités » , des tâches récurrentes et des tâches à faible valeur ajoutée. Assurez-vous de créer la confiance dans et hors de votre organisation, conserver en local l’innovation,

La « compréhension Business », les tâches stratégiques et à forte valeur ajoutée, sans jamais toutefois oublier de mettre à bord vos équipes Nearshore lors du démarrage d’un projet.

2) Choisissez la région/pays où vous allez pratiquer le Nearshore en fonction de sa facilité d’accès, de la disponibilité des bonnes compétences, de la qualité des infrastructures (accès aéroport, internet, …), et bien sûr une région où vous pourrez réaliser des économies d’échelle vous permettant de vous consacrer à l’innovation.  

Nous avons choisi de démarrer nos activités au Maroc, parce que le niveau de formation des ingénieurs en développement y est comparable à la France, que le cursus scolaire y est comparable (quelques années d’histoires communes ont laissé quelques traces), que Rabat est en plein essor, que nous disposons d’infrastructures exceptionnelles, et que l’on y parle le français, ce qui ne constitue pas le moindre des atouts.  

3) Vous pouvez réinvestir une partie ou la totalité les économies réalisées dans des activités à plus forte valeur ajoutée en onshore (en local).  En effet, réduire le coût des « commodités » permet d’investir dans l’innovation ce qui se traduira également à terme par des gains de compétitivité.

4) Soyez un bon manager en vous assurant que vos collaborateurs comprennent, acceptent et soient acteurs du changement. Il est donc important de se préoccuper du développement des équipes pour qu’elles ne s’enferment pas dans des tâches à faible valeur ajoutée mais au contraire cultivent leur employabilité avec des compétences à valeur ajoutée.

Cette idée de maintenir son « attractivité » vis-à-vis de son employeur et du marché est valable bien sûr pour chacun d’entre nous.

5) Enfin, il est primordial de mettre en place un organe de gouvernance, de continuellement améliorer le service et les processus, et de régulièrement vérifier que le réglage convient toujours, et si nécessaire l’adapter.

Pour passer de la théorie à la pratique, je prendrais un exemple récent que nous venons de mettre en place chez Go&dev.

Chez Go&dev, notre infrastructure nearshore a permis a des start-ups qui souffrent de plein fouet de la pénurie de talents IT en France et qui par conséquent font face à des coûts de développement parfois prohibitifs, de mener à bien leur projet de développement. Les coûts de développement ont été divisés par deux sur certains postes, l’intégration entre les équipes locales et les équipes nearshore s’est faite de manière fluide.  

Silicon Valley la pénurie aussi…

Les métiers de l’informatique sont très demandés et les entreprises s’arrachent, ce qu’il est convenu d’appeler « les talents » à coup de salaires parfois très élevés. C’est notamment le cas en France. Il est surprenant de constater que la problématique est pratiquement aux Etats-Unis, en particulier dans la Silicon Valley près de San Francisco qui héberge la majorité des Licornes.

Des centaines de milliers de postes vacants

Selon le site code.org, qui promeut l’enseignement du « coding » à l’école et qui compile les statistiques officielles, il y aurait aux Etats-Unis plus de 520.000 postes vacants d’informaticiens, ce qui représente dix fois plus que le nombre total de diplômés annuels dans l’ensemble des écoles d’informatiques aux Etats-Unis. Le cabinet Burningglass, spécialisé dans l’analyse du marché du travail, a de son côté calculé que sur 26 millions d’offres d’emplois postées sur internet en 2015, 7 millions d’entre elles demandaient des compétences en programmation. Cette tendance ne fera que se renforcer dans les années à venir.

La pénurie de main d’oeuvre a pour conséquence de contraindre les entreprises à proposer des salaires élevés aux jeunes . Les entreprises technologiques réagissent logiquement par exemple via l’organisation code.org, en faisant la promotion de l’enseignement de l’informatique au plus grand nombre dès l’école primaire.

Les entreprises de la  Silicon Valley  recourent également fréquemment à des informaticiens qualifiés venus de l’étranger, d’Asie en particulier, et s’opposent  aux politiques anti-immigration mise en oeuvre par Donald Trump depuis le début de son mandat.

 

Des diplômés qui gagneront 40 % de plus que ceux des autres filières

En moyenne, un informaticien diplômé gagne autour de 90 à 100.000 dollars par an aux Etats-Unis (contre 50 000 euros en France), voire beaucoup pour des profils très spécifiques. Selon code.org, un diplômé en informatique gagnera en moyenne 40% de plus que les diplômés d’autres filières avec un cycle d’étude équivalent. De son côté, Burningglass estime que les emplois qui demandent des compétences en programmation, même simples, sont payés en moyenne 35% de plus que les autres postes.

Les filières de formation sont diverses comme en France, plus ou moins longues et spécialisées, mais ne suffisent plus à répondre aux besoins. Par ailleurs elles chères,à titre d’exemple, pour décrocher un diplôme universitaire pour des études de « computer science » il faut compter 4 ans en général avec des frais de scolarité très élevés, environ 10 à 20.000 dollars l’année dans une université publique et environ 50.000 dans un établissement privé prestigieux, comme Stanford en Californie. En comptant logement, repas, livres, la facture monte à plus de 70.000 dollars annuels pour 2018/2019 selon le site de CalTech.

Les américains ont également mis en place des « bootcamps »: des formations aux codes de quelques semaines en général (à peu prés, une vingtaine) qui s’adressent soit à des débutants soit à des personnes déjà formées qui ont besoin de se mettre à jour ou de se spécialiser. Ils connaissent un véritable engouement depuis cinq ans et certains sont spécialisés (enfants, femmes, minorités, cours du soirs …).

 

l’employé de la Silicon Valley : blanc et masculin

Enfin, comme en France, l’employé de la Silicon Valley est un homme blanc. Question diversité ethnique on retrouve des chiffres surprenants, notamment celui  celui de la part d’employés « noirs » chez Google : à peine 2 %. Pour prendre la mesure de ce chiffre, rappelons que la population américaine compte 47 millions de Noirs, soit près de 15 % de la population totale.Même Uber, qui vient tout juste de s’installer à San Francisco, n’échappe pas à la règle avec 1 % de personnes noires et 2,1 % d’hispaniques. Dernier chiffre à citer du côté de la diversité ethnique,  la population d’origine asiatique est sur-représentée avec 34 % des effectifs, ce qui ne constitue pas une surprise.

Côté féminin non plus, on ne peut pas dire non plus que la Silicon Valley brille par son exemplarité. Force est de constater qu’aucune entreprise ne compte plus de 30 % de femmes dans les postes de direction. Intel et Microsoft sont les bons derniers de ce classement, avec moins de 17 % de femmes dirigeantes. Amazon donne un peu plus de place, ces dernières années, aux femmes. 26,7 % d’entre elles travaillent à des postes plus techniques, comme le développement de logiciels, ce qui n’était pas le cas auparavant. Ces chiffres sont à rapprocher de ceux que nous publions dernièrement sur notre blog et quasiment équivalent à ceux constatés récemment sur le marché français.

Nearshoring et formation deux axes pour faire face à la pénurie de talents IT.

Les entreprises traditionnelles doivent repenser leur modèle pour répondre à des usages nouveaux en termes de production et de services. Leurs enjeux sont stratégiques.  Sur son site internet la fédération Syntec qui regroupe les entreprises IT annonce : 80 000 entreprises, 910 000 salariés une valeur ajoutée cumulée  de 120 milliards d’euros et un nombre de salariés multiplié par 2 depuis 1995. Le salaire annuel brut moyen du secteur serait supérieur à 50 000 euros bruts annuel. Le secteur du numérique dont la croissance devrait encore progresser de 3,6% cette année, est porté par les projets liés à la cyber sécurité et surtout par les investissements des entreprises dans les réseaux sociaux, la mobilité, le big data, le cloud, la blockchain. Bref, La vie est belle dans le secteur du numérique ?

Des jeunes talents « aimantés » par l’offre des startups

La réalité est plus nuancée. En effet, compte tenu de la demande forte à l’embauche liée au virage digital entamé il y a quelques années, la pression sur les salaires à la hausse continue de croitre. La concurrence pour attirer les talents devient telle que des salariés quittent leur employeur pour un autre en obtenant 10 % et parfois 15% d’augmentation. En effet, il faut reconnaitre que les salaires sont aujourd’hui très élevés et que les startups qui sont largement financées (ce qui est une bonne chose) cannibalisent tout de même littéralement le marché ».

Le recours au Nearshoring

Portés par les marchés, les employeurs du numérique recherchent des compétences dans tous les domaines, Big data, cloud, réseaux sociaux et surtout sécurité. Ils recrutent aussi bien des ingénieurs informaticiens que des spécialistes des données. Mais leurs besoins sont si importants que les écoles d’ingénieurs n’arrivent pas à former assez de jeunes diplômés. Les entreprises pour pallier à la pénurie de talents peuvent se tourner vers le nearshoring.  » Chez Go&Dev, suite à différentes expériences dans le secteur, nous avions anticipé le virage qu’allait prendre le marché. C’est pourquoi nous nous sommes appliqués à construire une offre qualitative à partir de notre plateforme de Rabat.

Notre offre se tourne aujourd’hui essentiellement vers les jeunes start-up et les éditeurs de progiciels. Notre plateforme Nearshore nous permet de mettre à la disposition de nos clients, des développeurs qui ont suivis des cursus de formation comparables aux ingénieurs français, voire parfois les mêmes, en pratiquant des tarifs souvent 2 fois inférieurs à la médiane française ». explique Pascal Rellier fondateur de Go&Dev.

 

L’alternative : féminiser la filière et reconvertir des ingénieurs vers les métiers du numérique

Une autre alternative à cet enjeu de formation serait de reconvertir des ingénieurs venus d’autres secteurs vers les métiers du numérique. «Nous sommes face à une rupture majeure, constate Godefroy de Benzmann président du Syntec. dans le Figaro. La reconversion d’ingénieurs ayant 10 à 20 ans d’expérience et travaillant dans d’autres secteurs représente la solution pour que le pays puisse opérer la transformation dont il a besoin et répondre à l’enjeu du numérique». Des ingénieurs ayant travaillé dans des bureaux d’études ou dans l’automobile, pourraient bénéficier de nouvelles opportunités professionnelles après avoir reçu une formation. «Ils retravailleraient dans leur secteur d’origine dans le domaine de la donnée, des services, de la blockchain», ajoute Godefroy de Benzmann.

La profession, consciente des enjeux, s’est mobilisée pour former des talents. Il faut attirer plus de femmes. La filière, en France, ne compte que 27% de femmes, quand on en décompte 50% en Asie du Sud est. D’autre part, des dispositif de formation pour les chômeurs ont  permis à plus de 11.900 demandeurs d’emploi de se former aux métiers du numérique entre 2014 et septembre 2017.

Le Syntec Numérique a lancé en 2016 l’opération Day-Click pour faire découvrir ses métiers. Plus de 20.000 postes ont été proposés lors de l’édition 2017. Godefroy de Benzmann souhaite y associer cette année le Cigref, l’association qui rassemble les directeurs informatiques des grands groupes français.

 

Restons factuels, les entreprises américaines ont moins de pudeur à produire à l’étranger

 

Mais Pascal Rellier conclut « La pénurie de talents n’est pas uniquement un mal français. Dans la Silicon Valley, des centaines de milliers de postes sont à pourvoir, et depuis longtemps les américains se sont tournés vers l’étranger (Asie, Inde) pour pallier à court terme à cette pénurie, et ainsi pouvoir transformer massivement leur économie. De grandes entreprises en France procèdent à l’identique.  La formation est évidemment à la fois un vrai problème et certainement le meilleur remède à la pénurie. Mais les effets des initiatives remarquables produites par le secteur seront palpables d’ici 3 à 10 ans. Or pour les entreprises, la digitalisation commence maintenant. Et nous le constatons, beaucoup de nos clients qui font appel à notre plateforme nearshore, considèrent la transition digitale comme une urgence » .

  • Selon le site internet code.com il y a plus de 520.000 postes vacants d’informaticiens, c’est environ dix fois plus que le nombre annuel de diplômés en informatique.

8 av. Duval Le Camus 92210 Saint Cloud

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DEVELOPPEMENT IT, OFFSHORING OU NEARSHORING ?

Les termes Offshoring et Nearshoring font désormais partis du langage courant dès lors que l’on parle IT et développement. Si les deux termes impliquent littéralement la délocalisation de service hors des frontières, la proximité de ces deux expressions prête souvent à confusion. Aussi, il est nécessaire de savoir faire la distinction entre ces deux concepts qui diffèrent en certains points bien distincts.

Le offshoring : tendance lourde des années 2000.

Par définition, l’Offshoring désigne la délocalisation de services ou de production vers des pays où le coût de production est plus bas, généralement des pays éloignés (Off). Initié par les américains dans les années 70, cette pratique est aujourd’hui monnaie courante pour des entreprises qui souhaitent majorer leurs profits et rester compétitives. Si l’activité délocalisée est confiée à un prestataire externe et non à une filiale de l’entreprise, on parle d’outsourcing offshore. De nombreuses entreprise ont fait le choix de l’Offshoring dans les années 2000 avec plus ou moins de succès. Pascal Rellier président de Go&Dev ajoute « Autour des années 2000, beaucoup de nos clients dans le secteur bancaire avaient fait le choix de l’offshoring principalement en Chine et Inde, la productivité attendue n’était pas nécessairement au rendez-vous. Les différences culturelles en particulier avec l’Inde, demandait un effort particulier en terme de gestion de projet”.

Le Nearshoring permet de développer une meilleure proximité culturelle et plus de souplesse.

Le Nearshoring consiste également à délocaliser une activité, mais dans un pays voisin. Ce n’est que dans les années 2000 que ce terme est apparu, soit 30 ans après la naissance de l’Offshoring. Le Nearshoring peut être perçu comme une sorte de bon compromis entre coût et qualité. Les entreprises ayant recours à cette pratique veulent délocaliser pour réduire les coûts de production et offrir une meilleure élasticité à leurs clients mais choisissent une région ou un pays plus proche dans le but de maintenir la qualité de service, d’avoir plus de contrôle et également de bénéficier d’une meilleure proximité culturelle (langue, décalage horaire, habitudes de travail).

Les ressources IT restent rares et couteuses en France.

En effet, la pénurie de développeurs en France, constatée par une majorité d’observateurs rend les ressources IT rares et couteuses. Le marché de l’emploi en informatique est sous tension, depuis longtemps certes . Le Président d’une grande ESN française affirme, avoir refusé des contrats l’an dernier, faute de personnel suffisant. En décembre, la Fédération Syntec, qui regroupe les entreprises du numérique, a relevé que les difficultés de recrutement observées avaient constitué pour la première fois un frein au développement de leur activité.

La croissance liée aux nouvelles technologies ne fait que renforcer la pénurie de talents.

« Les logiciels sont désormais partout, et par conséquent les besoins en développeurs aussi », explique Bertrand Diard, président de Tech in France, syndicat des éditeurs de logiciels. Soutenus par les besoins d’un monde en pleine transition numérique, « les recrutements d’informaticiens ne se sont jamais taris, même au pire de la crise de 2009, assure David Beaurepaire, responsable stratégie et développement du site d’annonces d’emploi RegionsJob. Le phénomène s’est évidemment accentué avec le retour de la croissance tirée par les nouvelles technologies. »

En France, la formation initiale a du mal à suivre « Il y a très peu d’écoles d’ingénieurs spécifiquement spécialisées dans le développement logiciel », assure Jean-François Guyomar, directeur général de Proservia (Manpower), Les ingénieurs qui sortent de l’école ambitionnent plutôt de faire du management de projet, pas de se consacrer à la technique pure. ».

La formation des ingénieurs IT marocains permet de rester proche du niveau des ingénieurs français.

De son côté Pascal Rellier conclut : « Avec le Maroc, nous avons trouvé un excellent compromis. Les formations pour des raisons historiques largement compréhensibles, sont très proches du système français, et les jeunes ingénieurs aspirent à coder. Nous y ajoutons notre expérience de gestion de projet, et de gouvernance pour nos clients, starts-up ou grands comptes, qui sont très satisfaits de pouvoir disposer de prestations rigoureuses, réactives et dans des conditions financières très abordables. »

TOUS LES CONCEPTS CLEFS DE LA BLOCKCHAIN

Les termes techniques font parfois de la blockchain un concept compliqué à appréhender. Les définitions suivantes, en français, faciliteront vos lectures et vous permettront de mieux comprendre la technologie blockchain.

LEXIQUE

Altcoin : abréviation pour “Alternative Coin”. Un altcoin est une cryptomonnaie autre que le bitcoin : ether, litecoin, etc. Il en existe plusieurs centaines.

Application décentralisée : application qui fonctionne sur un réseau décentralisé, par opposition aux applications classiques qui dépendent de serveurs centralisés. Elle a comme support un ou plusieurs smart contracts déployés sur une blockchain. La partie front-end (interface utilisateur), elle, peut être développée comme sur les applications classiques. Dans l’écosystème de la blockchain Ethereum, les applications décentralisées sont appelées DApps. Il en existe plus de 1000 à l’heure actuelle.

Bitcoin : système de transfert et de vérification de propriété reposant sur un réseau de pair à pair sans aucune autorité centrale, conçu en 2009 par un développeur utilisant le pseudonyme Satoshi Nakamoto. Son unité de compte est la monnaie électronique bitcoin (sans majuscule).

Blockchain : technologie de stockage et de transmission d’informations à coût minime, sécurisée, transparente, et fonctionnant sans organe central de contrôle. Par extension, une blockchain (littéralement une « chaîne de blocs ») désigne une base de données sécurisée et décentralisée, répliquée sur un très grand nombre de noeuds, et contenant un ensemble de transactions dont chacun peut vérifier la validité. Une blockchain peut donc être assimilée à un grand livre comptable transparent, pseudonyme et infalsifiable.

Blockchain publique : blockchain ouverte à tout utilisateur que ce soit en termes de lecture (libre accès au registre), d’usage (envoi de transactions en pair-à-pair) et de participation au bon fonctionnement du réseau (validation des transactions ; ainsi, chacun peut devenir mineur sur une blockchain publique). En tant que substitut aux réseaux centralisés, les blockchains publiques sont sécurisées par la cryptoéconomie : la combinaison d’incitations économiques et de mécanismes de vérification cryptographiques. Bitcoin et Ethereum constituent les deux blockchains publiques les plus connues à ce jour.

Blockchain privée : blockchain où certains droits sont réservés à certains utilisateurs, en particulier le droit de validation des transactions. Une blockchain privée ne nécessite pas l’utilisation de cryptomonnaies. Hérésie pour certains (qui considèrent qu’une blockchain est par essence publique), système jugé rassurant par d’autres (grandes entreprises, en particulier du secteur bancaire, et institutions publiques), la blockchain privée présente plusieurs atouts par rapport aux bases de données traditionnelles, sans pour autant constituer une innovation de rupture comme le sont les blockchains publiques (associées par nature aux cryptoactifs).

Clé privée : clé permettant à l’utilisateur d’une blockchain d’initier une transaction en signant cryptographiquement son message.

Clé publique : clé servant d’adresse sur une blockchain. Connue de tous, elle permet à un émetteur de désigner un destinataire.

Cryptoactif : ensemble des actifs numériques émis et échangeables sur une blockchain (cryptomonnaies et tokens).

Cryptomonnaie : monnaie électronique, échangeable en pair-à-pair (c’est-à-dire sans intermédiaire), se basant sur des principes cryptographiques et des mécanismes d’incitation économique pour la validation des transactions et la génération de la monnaie elle-même.

DAO (Decentralized Autonomous Organization) : organisation décentralisée dont les règles de gouvernance sont automatisées et inscrites de façon immuable et transparente dans une blockchain.

DApps : applications décentralisées sur Ethereum.

Ether : cryptomonnaie d’Ethereum, considérée non comme une monnaie mais comme un ‘carburant’ pour faire fonctionner les smart contracts sur cette blockchain.

Ethereum : plateforme décentralisée, fondée sur la blockchain éponyme, qui vise l’avènement d’un web décentralisé. La blockchain d’Ethereum fonctionne avec la cryptomonnaie ether. Contrairement à la blockchain du bitcoin, focalisée sur l’aspect monétaire, la blockchain d’Ethereum a vocation à accueillir des programmes très divers,  appelées dApps, qui fonctionnent avec des smart contracts. On parle d’écosystème Ethereum pour désigner l’ensemble des acteurs qui travaillent sur cette plateforme.

Exchanges : voir “plateformes d’échange”.

Fiat money : monnaie “classique”, dont la valeur est donnée par la loi ou la régulation gouvernementale  (euro, dollar…).

ICO (Initial Coin Offering) : méthode de levée de fonds fonctionnant via l’émission d’actifs numériques, appelés tokens, échangeables contre des cryptomonnaies durant la phase de démarrage d’un projet.

Microtransaction : transaction de quelques centimes. Dans un circuit “classique”, via une banque par exemple, les microtransactions sont coûteuses à réaliser (les frais sont en effet supérieurs au montant des transactions). La blockchain est capable d’apporter une solution à ce problème.

Minage : utilisation de la puissance de calcul informatique afin de traiter des transactions, sécuriser le réseau et permettre à tous les utilisateurs du système de rester synchronisés.

Mineur : personnes (particuliers ou sociétés) qui connectent sur le réseau une ou plusieurs machines équipées pour effectuer du minage. Chaque mineur est rémunéré  au prorata de la puissance de calcul qu’il apporte au réseau.

NEO : blockchain portée par une équipe coeur chinoise et qui vise à développer la tokenisation d’actifs traditionnels, dans le respect des législations en vigueur (en particulier en Chine). Elle est surnommée le ‘Ethereum chinois’ en raison de certaines similarités avec Ethereum.

Noeud : ordinateur relié au réseau blockchain et utilisant un programme relayant les transactions. Les noeuds conservent une copie du registre blockchain et sont répartis partout dans le monde.

Plateformes d’échange (ou exchanges) : plateformes sur lesquelles les internautes peuvent acheter et vendre leurs cryptomonnaies et leurs tokens, et suivre l’évolution des cours en temps réel. Sur certaines d’entre elles, il est possible d’acheter des cryptomonnaies à partir de monnaies fiat (euro, dollar…). Le paradoxe de ces plateformes (sites internet, parfois aussi app mobile) est qu’elles réintroduisent de la centralisation, et donc du risque, dans le monde décentralisé de la blockchain. Des hacks d’exchange surviennent périodiquement, conduisant à des vols de cryptomonnaies. Des plateformes d’échange décentralisées (ex : EtherDelta) et des protocoles d’échange décentralisés (ex : 0x, Kyber Network) émergent et sont appelés à se développer fortement à l’avenir.

Proof of work : “preuve de travail” ou “preuve de calcul”. Méthode utilisée pour atteindre le consensus distribué dans un grand nombre de blockchains publiques, Bitcoin en tête. Concrètement, il s’agit du traitement cryptographique permettant la validation des blocs de transactions. Effectuer ce traitement requiert du temps de calcul : en général, un seul ordinateur du réseau y parvient en environ dix minutes. La difficulté est régulièrement adaptée pour maintenir cet intervalle.

Proof of stake : autre méthode pour atteindre le consensus distribué dans un réseau blockchain. A l’inverse du Proof of work, le Proof of stake ne demande pas aux utilisateurs d’utiliser leur puissance de calcul, mais de prouver la propriété d’un certain montant de crypto-monnaie. Ethereum vise le passage au Proof of stake à moyen terme.

Ripple : système de paiement soutenu par plusieurs grandes banques visant à permettre des “transactions financières mondiales sécurisées, instantanées et presque gratuites, de toute taille”. A noter que Ripple est une blockchain privée (de consortium), particulièrement centralisée.

Satoshi Nakamoto : pseudonyme de l’inventeur du bitcoin, dont la véritable identité est encore inconnue malgré de nombreuses spéculations.

Scalabilité : passage à l’échelle. C’est le plus grand défi aujourd’hui des blockchains. L’une des questions majeures est : comment augmenter le nombre de transactions réalisées par seconde, sans compromettre la décentralisation et la sécurité ? Des solutions techniques sont en cours de conception ou d’implémentation sur les grands protocoles : la solution de state channels off-chain (Lightning Network sur Bitcoin, Raiden Network sur Ethereum), le sharding, Plasma pour les smart contracts sur Ethereum, etc.

Sidechain : blockchain secondaire à une blockchain principale, mais qui y est rattachée afin de pouvoir en connaitre toutes les informations. Les sidechains permettent d’accroitre le volume d’informations pouvant être traitées au sein d’une blockchain (volume normalement limité), tout en restant sur une même blockchain principale.

Solidity : langage de programmation utilisé pour développer des smart contracts, en particulier sur Ethereum.

Smart contract : programme autonome qui, une fois démarré, exécute automatiquement des conditions inscrites en amont dans la blockchain, sans nécessiter d’intervention humaine. Il fonctionne comme toute instruction conditionnelle de type « if – then » (si telle condition est vérifiée, alors telle conséquence s’exécute). Pour déclencher son exécution, un smart contract se connecte à une base de données jugée fiable, via l’intermédiaire d’un oracle (un service qui fait le lien entre le smart contract et le monde réel).

Token : actif numérique personnalisé par son auteur, émis et échangeable sur une blockchain, et possédant les caractéristiques d’une cryptomonnaie : infalsifiabilité, unicité, enregistrement des échanges dans un registre immuable, sécurité des échanges, etc. En particulier, un token est transférable (et non duplicable) entre deux parties sur Internet, sans nécessiter l’accord d’un tiers.

Tokenisation : inscription d’un actif (action, instrument financier, etc.) sur un token afin d’en permettre la gestion et l’échange en pair-à-pair, instantané, et sécurisé sur une infrastructure blockchain.

Vitalik Buterin : fondateur d’Ethereum. Il est l’une des grandes figures du monde blockchain.

White paper : document qui présente les caractéristiques d’un projet blockchain. Il est en particulier question de white paper dans le cadre d’une ICO. Il s’agit alors de présenter le projet, le rôle du token, le nombre de tokens émis, l’équipe, la roadmap, la répartition prévue de l’utilisation des fonds qui seront levés, entre autres informations.

Comprendre les ICO

Définition

Une ICO (Initial Coin Offering) est une méthode de levée de fonds, fonctionnant via l’émission d’actifs numériques échangeables contre des cryptomonnaies durant la phase de démarrage d’un projet.

Ces actifs numériques sont appelés tokens (jetons, en français). C’est pourquoi les ICO sont également appelées « token sales »

Dans une premier temps, les tokens sont émis par l’organisation à l’origine de l’ICO et peuvent être acquis par quiconque lors de l’ICO en échange de cryptomonnaie (le plus souvent, de l’ether ou du bitcoin).

Dans un second temps, ces tokens :

  • Sont vendables et achetables sur des plateformes d’échange, à un taux dépendant de l’offre et de la demande. Ils sont donc très liquides.
  • Ont vocation à être utilisables dans le projet financé par l’ICO en question. Leur valeur est donc censée dépendre du service fourni in fine par l’entreprise à l’origine de l’ICO.

Notons bien que les tokens ne représentent pas des parts de l’entreprise, à la différence d’actions. Acheter des tokens lors d’une ICO revient en fait à pré-payer le produit ou le service appelé à être développé. Pour prendre un exemple fictif, le cas d’Air France : une IPO consisterait à acheter des actions d’Air France, une ICO serait pré-acheter les Miles.

Les porteurs d’un projet d’ICO garantissent que ces tokens seront rares. Le terme Initial est donc clef : il s’agit d’acheter ces tokens au tout début du processus, lorsque leur valeur est encore relativement faible.

Cette méthode incite fortement les participants de l’ICO à être investis dans le projet : ceux-ci ont en effet intérêt à ce que celui-ci devienne par la suite un succès, afin de pouvoir à terme utiliser les tokens acquis ou bien espérer en tirer une valeur financière supérieure à leur valeur d’achat. Ces early-adopters sont clefs pour la réussite espérée du projet.

Exemple concret

Storj, un service de stockage cloud décentralisé, a levé début 2017 l’équivalent de 30 millions de dollars via une ICO. Leur token, appelé Storjcoin, permet d’acheter de l’espace de stockage sur le réseau Storj, et inversement, de louer l’espace libre de votre ordinateur sur le réseau Storj en échange de Storjcoin. Si vous achetez ou obtenez des Storjcoin, vous pouvez ensuite soit acheter de l’espace sur le réseau, soit les garder dans une perspective de spéculation, soit les convertir dans votre monnaie nationale.

Pour qui ?

  • Côté initiateurs des ICO : pour des créateurs d’applications blockchain ou de blockchains elles-mêmes

Le plus souvent, les ICO servent à financer le lancement d’applications décentralisées qui fonctionnent sur un protocole blockchain spécifique, en particulier Ethereum ou Bitcoin.

Parfois cependant, les ICO visent à financer directement des protocoles blockchain : ce fut par exemple le cas du protocole Tezos début juillet 2017, qui a levé l’équivalent de plus de 200 millions de dollars.

  • Côté investisseurs dans les ICO : pour quiconque (disposant de cryptomonnaie)

C’est pour cette raison que les ICO sont souvent appelées crowdsales : dans une logique similaire à celle du crowdfunding, n’importe quel internaute peut investir dans un projet initiant une ICO, à condition de posséder des cryptomonnaies. Pour investir, l’internaute échange le montant de cryptomonnaie qu’il souhaite contre des tokens, émis par le projet réalisant son ICO.

 

Pour quoi ?

  • Côté initiateurs des ICO : pour s’affranchir des contraintes des levées de fonds traditionnelles

Les ICO permettent aux lanceurs de projets de contourner le système classique de venture capital (capital-risque) qui n’aurait souvent pas permis de financer (autant) leur projet à un stade aussi précoce de développement. Les ICO, qui se concentrent sur les phases de démarrage des projets (d’où le terme Initial), sont en effet lancées lorsque le produit n’en est encore qu’à ses toutes premières étapes de développement (voire de prototypage). De nombreux projets ont ainsi pu lever des sommes considérables – plusieurs dizaines de millions de dollars, parfois même des centaines de millions – qu’ils n’auraient jamais pu lever avec des fonds de capital-risque traditionnels.

  • Côté investisseurs : pour être les premiers à miser sur des projets très prometteurs

Deux principaux objectifs expliquent les mises des internautes-investisseurs dans les ICO : un objectif spéculatif (en faisant l’hypothèse que le token prendra de la valeur), et un objectif utilitaire (volonté d’utiliser à terme le token dans le cadre du projet financé). Les deux objectifs se rejoignent plus ou moins, puisque l’idée reste fondamentalement la même : miser sur un fort développement à venir du projet, qui permettra d’accroître mécaniquement la valeur du token acheté au départ (en raison de l’offre et de la demande). Dès lors, les possesseurs des tokens pourront soit les revendre à un taux bien plus avantageux que ceux de départ, soit utiliser ces tokens dont la valeur aura grimpée.

Les ICO : un changement de paradigme

Ce mécanisme bouscule les règles traditionnelles de l’économie numérique, en premier lieu l’effet de réseau, qui est au fondement du succès des plateformes comme Facebook, AirBnb, BlaBlaCar, etc. En renversant cet effet de réseau, il permettra à des services numériques d’émerger bien plus facilement.

Les ICO permettront également à des protocoles (comme le sont TCP/IP et Http pour Internet et le web) de se développer plus rapidement, et d’opérer un rééquilibrage radical en termes de captation de valeur. La valeur créée par les chercheurs à l’origine d’Internet et du web a été récupérée par les Google, Facebook, etc. : cette logique, ici, se renverse.

Les ICO font également tomber la barrière entre investisseurs professionnels (business angels ou VCs) et investisseurs particuliers. Tout un chacun peut miser sur des services jugés prometteurs.

 

Les ICO : la première ‘killer app’ de la blockchain ?

Le mécanisme des ICO, ou token sales, est parfois considéré comme étant la première killer app de la blockchain : la première application qui verrait enfin les promesses de la blockchain se réaliser concrètement, pour le plus grand nombre. Néanmoins les ICO doivent plutôt être vus comme l’outil permettant d’accélérer considérablement le développement de killer app, ou plutôt « killer dApps » (une dApp étant une application décentralisée, dans le vocabulaire blockchain), sans avoir à passer par les étapes traditionnelles de levées de fonds.

Problématiques des ICO

Malgré leurs atouts considérables, les ICO présentent des risques aussi bien pour les investisseurs que pour les porteurs de projets. L’incertitude réglementaire est notamment au coeur des problématiques actuelles puisqu’il existe une sorte de vide juridique entourant les ICO.